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Comment Carrières-sur-Seine a été peint par les impressionnistes et leurs héritiers ?
Comment Carrières-sur-Seine a été peint par les impressionnistes et leurs héritiers ?
À Carrières-sur-Seine, nombreux sont les peintres, impressionnistes, fauves ou cubistes, à s’y être arrêtés pour reproduire des lieux emblématiques de ce qui n’était encore qu’un simple petit village de banlieue parisienne.
À l’aube du XXe siècle, Carrières-sur-Seine, ou Carrières-Saint-Denis jusqu’en 1906, est un petit village vivant en autarcie où résident essentiellement des paysans, des vignerons et des carriers. Situé en bord de Seine, il offre un paysage rural, agricole, verdoyant et inspirant pour les artistes qui viennent s’y aventurer.
C’est ici que des peintres comme Claude Monet, André Derain, Maurice de Vlaminck, Georges Braque et bien d’autres méconnus du grand public, ont posé leur chevalet pour immortaliser Carrières-sur-Seine sur leur toile. Aujourd’hui, l’association d’histoire et de sauvegarde du vieux Carrières (AHSVC) a identifié plus d’une vingtaine de peintures faisant figurer l’ancien village.
En 1874, les Impressionnistes sont exposés pour la première fois au 35 boulevard des Capucines à Paris. C’est là, que le public découvre des toiles brisant les codes académiques, privilégiant les sensations, les "impressions", les couleurs, au détriment du dessin. De plus, ces artistes quittent les ateliers pour aller peindre en extérieur.
Mais pourquoi Carrières ? À l’époque, l’ouest parisien, encore préservé de l’industrialisation, est de plus en plus attractif et attire les peintres. Les bords de Seine, d'Argenteuil à Croissy, offrent des lieux uniques, exaltants, comme l’île de Chatou. Cet endroit réunit toutes les conditions pour plaire aux impressionnistes : les paysages somptueux, l’eau, la verdure, les rires et la vie sur les rives et dans les guinguettes, l'ambiance festive.
Cette attractivité, ainsi que la révolution impressionniste elle-même, s’expliquent par les innovations décisives qu’a connu le XIXe siècle. Dans un contexte de développement économique et industriel croissant à partir des années 1850-1860, la banlieue parisienne se développe grâce à une innovation majeure, le train. À l’époque, deux lignes importantes partent de la gare Saint-Lazare. L'une va en direction de Rouen, l'autre en direction du Pecq et dessert les gares de Nanterre, Chatou, le Pecq, en traversant la Seine par le pont de Chatou. Pour se rendre à Carrières-Saint-Denis, les peintres descendent à Nanterre, longent la Seine jusqu’en face de l’Île Fleurie, et appellent le passeur de la guinguette baptisée Le Maire.
Deux autres innovations techniques ont également permis cette révolution artistique : le tube à peinture permettant aux peintres d’emporter leurs couleurs déjà prêtes avec eux et le chevalet portatif pouvant être aisément porté sur le dos, éléments indispensables pour pouvoir quitter l’atelier.
L’un des premiers artistes impressionnistes à peindre Carrières est Claude Monet, avec son œuvre éponyme, Carrières-Saint-Denis datée de 1872. Il se pose en face du village, probablement sur une barque située à l’emplacement actuel de l’île Fleurie. On y aperçoit notamment le clocher de l’église et les vestiges de l’abbaye. D’autres peintres, comme Charles Mercier, Albert Lebourg et Emmanuel de la Villéon ont également dépeint le village sur leurs toiles.
Au début du XXe siècle, nombreux sont les artistes à se tourner vers le fauvisme et le cubisme. Bien qu’uniques, ces tableaux suivent un même chemin, celui donné par la révolution impressionniste qui s’est opposée à l’académisme de l’école des Beaux-Arts.
Parmi ces derniers, Maurice de Vlaminck et André Derain, sont peut-être ceux qui ont représenté le plus Carrières. Leur amitié, née lors d'un voyage en train, a permis la naissance du fauvisme. Ils posent parfois leurs chevalets côte à côte pour y peindre les mêmes paysages. En 1909, c’est Georges Braque, ami de Derain, qui se rend à Carrières. Ses toiles, au langage cubiste, témoignent d’un tournant fondamental dans son œuvre.
Ainsi, Carrières-sur-Seine a attiré de nombreux artistes pour les paysages qu’elle pouvait offrir : les bords de la Seine, son parc, ses ruelles… Elle a été l’objet de différents courants artistiques que sont l’impressionnisme, le fauvisme et le cubisme. En un mot, Carrières a été pour ces artistes un village pittoresque, au sens premier du terme, un village digne d’être peint.
Date de publication
30/07/2024
Dernière modification
30/07/2024